Encre de Fernando Trías de Bes

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Encre de Fernando Trías de Bes

        Encre    de chair

Mayence début du XXème siècle. Depuis quelques temps,  «Elle» se rend dans la chambre onze de l’hôtel Schwarzkopf, pour rejoindre un amant qui l’ensorcelle : ses pores suintent l’encre… Pour essayer d’enrayer cette malédiction, son mari, libraire, plonge, cinq ans durant, dans les récits des plus fous, pensant y trouver la raison de son infortune. En vain… jusqu’à un jour de mai 1905, où la visite d’un écrivain va tout bouleverser. Commence alors un projet aussi insensé que vital : composer Le livre de l’origine de leur infortune. Mais la chaîne du livre est longue, ce qui va permettre à Fernando Trias de Bes de convoquer tous ses acteurs de l’oeuvre : l’imprimeur, le correcteur, et l’éditeur. Mais chez Fernando, rien n’est simple, l’amour, la honte et le deuil s’entremêlent dans cette histoire, et, la quête commune doit alors jouer avec les drames personnels de chacun des personnages. Soudain, mêlant absurde et réflexion existentielle, tel un magicien qui sort de son chapeau un lapin, il transpose la page blanche en écriture romanesque.Ce n’est pas le moindre des mystères que contient ce récit fantastique. Rien ne lui semble étranger : les acteurs de la chaîne du livre, les coups de théâtre toujours crédibles ou la simple attente amoureuse. ce livre est un conte philosophique par excellence. En effet, tous les personnages du roman ont eu à subir une perte, irrémédiable ou non, d’un être cher : le libraire a perdu sa femme au profit d’un amant, le mathématicien a perdu son enfant, noyé en Normandie, et sa femme, qui veut qu’il lui explique pourquoi, l’imprimeur a perdu son frère jumeau, suicidé car ridiculisé par ses pairs, le correcteur a perdu son amoureuse intrépide dans un accident d’avion, l’éditeur a perdu sa mère. Candide de voltaire n’est pas trop loin. A toute chose malheur est bon ! La vie, l’amour ; la mort,l’histoire,la magie des images, le temps qui reste.

FATHI CHARGUI  

Encre  Roman  de Fernando TRÍAS de BES—167 pages—Actes sud–2012  

 

Publié dans : Non classé | le 17 février, 2013 |Pas de Commentaires »

L’étoile jaune et le croissant de Mohammed Aïssaoui

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L’étoile jaune et le croissant de Mohammed Aïssaoui

le fil de la mémoire

Le livre de Mohammed Aïssaoui, journaliste est une quête personnelle et une investigation journalistique : des Arabes, des musulmans ont sauvé des juifs en France pendant la Seconde Guerre mondiale. Au fil des pages, Il a exhumer ces moments où, «au moins une fois, des Arabes et des juifs ont marché main dans la main… des Arabes et des musulmans ont protégé des juifs». Que s’était-il vraiment passé derrière les murs de la Grande Mosquée de Paris sous l’Occupation ? Directeur de l’Institut musulman et de la Mosquée de Paris,  Kaddour Benghabrit, personnage ambigu, aime la fête, la musique, et le théâtre, a fait de sa mosquée une planque,puis qu’entre 1940 et 1944, 1 732 personnes (chiffre correspondant aux tickets de rationnement) y ont trouvé refuge, des juifs en majorité, mais aussi des résistants français ou étrangers.Aïssaoui a retrouvé une note interne de Vichy envoyée à son ministre de la Défense nationale dès 1940 qui s’inquiète en effet : «Les autorités d’occupation soupçonnent le personnel de la Mosquée de Paris de délivrer frauduleusement à des individus de race juive des certificats attestant que les intéressés sont de confession musulmane. Il semble, en effet, que nombre d’Israélites recourent à des manœuvres de toute espèce pour dissimuler leur identité [Archives du quai d’Orsay].»Au cours de ses inlassables recherches, Mohammed Aïssaoui fait des rencontres inattendues, comme celle de Philippe Bouvard, qui lui confie que sa mère, juive, était très proche de Kaddour. «Je ne me souviens pas que nous nous soyons cachés à la mosquée, mais j’y allais souvent.» Enfant en 1942, il se rappelle que son père, Jules Luzzato, avait été arrêté et interné à la prison de la Santé. «Ma mère est allée solliciter Si Kaddour. Quinze jours après, mon père a été libéré.»Des anonymes ont également joué un rôle en fournissant aux Juifs de faux certificats attestant qu’ils étaient de confessions musulmane. La mère de Serge Klarsfeld en a bénéficié : «J’ai eu une mère algérienne et musulmane pendant quelques mois. Elle s’est appelée Mme Kader.

FATHI CHARGUI

L’étoile jaune et le croissant de Mohammed Aïssaoui—172 pages–Gallimard– septembre 2012

 

 

Publié dans : Non classé | le 3 février, 2013 |Pas de Commentaires »

Fleur de béton

Fleur de béton

 

Fleur de béton fleur-1Fleur de béton

Toujours entre le sanglot et le rictus, toujours entre la tendresse et le cynisme, avec un coeur gros comme ça, un goût féroce de la vie, Wilfried N’sonde se bat avec la réalité d’une cité, cherche de l’affection du silence et ne trouve le plus souvent qu’un exécrable mécanisme d’habitude.

 J’aime chez Wilfried N’sonde– chaque nouveau livre,corrobore cet affectueuse conviction — une façon à la fois libre et subtile de  raconter la réalité amère, d’offrir aux lecteurs une part toujours plus grande de la société, de scruter, porte après porte, les pièces d’ici et maintenant. Wilfried N’sonde décrit avec réalisme la vie humaine et sociale des jeunes qui survivent dans ces cités infames et insalubres.
« L’amertume envahit les cœurs, la colère monte dans les halls d’immeubles et les avenues du quartier. La rage gronde, inquiétante, elle se cherche un rythme et trouve la folie destructrice, comme une envie d’exister et de tout changer. »

 Alors que la littérature de Stendhal à Beckett ne cesse de s’édifier sur des masques, des secrets, des pseudonymes, des silences, des trompe-l’oeil, Wilfried N’sonde, donc il faut savoir écouter la déférence usant d’un style toujours clair, chaleureux, généreux, d’une langue accueillante et volubile,nous propose, dans ce roman, un portrait sans fard,… mais avec passion.

FATHI CHARGUI

Fleur de béton Roman de Wilfried N’sonde–212 pages–2012–A2ctes su

 

Le corail de Darwin Roman de Brigitte Allègre le-corail-de-darwin5

 

Le corail de Darwin Roman de Brigitte Allègre

 

  Bon voyage

 

 

Voilà un roman au titre plutôt curieux « Le corail de Darwin » De quoi s’agit-il ?On ne met pas longtemps à l’apprendre, et moins de temps encore à se laisser séduire par un des livres les plus actuels: quelques pages suffiront au narrateur de ce récit pour franchir les portes d’ivoire d’un bien curieux  échange où, d’entrée, et presque violemment, surgiront les chemins d’un voyage qui appartient à la grande tradition de la littérature fantastique.

L’histoire tient en deux mots : Un échange de logement par internet le temps des vacances. Deux voyageuses-blogueuses abordent chacune de son côté une ville lointaine, aux confins de la réalité, et elles font là une découverte stupéfiante de deux mentalités: L’une l’Italie, l’autre l’Islande.   

Il n’en faut pas plus pour s’installer dans cet univers de cauchemar et d’enchantement, où les deux internautes, à la manière d’un journal de voyage, consignent minutieusement leurs découvertes au royaume des diversités humaines. On pense d’abord à une fantaisie, et puis peu à peu, on se laisse convaincre par ses longues pages où tout paraît si vraisemblable, si conforme à l’un de nos plus vieux fantasmes : revêtir la parure de l’adaptation pour fossiliser nos instants éphémères dans l’immortalité d’un souvenir éternel.

Mais Brigitte Allègre ne s’est pas arrêté là, ses destinations sont un véritable microcosme, une longue aventure va commencer. On se croirait dans une gigantesque aventure, avec des oracles surgis du silence. C’est là que l’écrivaine va dérouler sa quête dans un récit de bout en bout initiatique.Et puis, de ce point du globe, pour visionnaires, on apprend aussi qu’il est loin d’être le meilleur des mondes.

 

FATHI CHARGUI

Le corail de Darwin Roman de Brigitte Allègre—390 pages—Actes-sud–2012

Publié dans : Non classé | le 13 janvier, 2013 |Pas de Commentaires »

NANCY HUSTON SUR SCENE

NANCY HUSTON SUR SCENE

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Le vendredi 11 janvier 2013 à 20h30 : Tendres ténébres à la Salle Gaveau 

Dans le cadre de la série Gaveau Intime, Nancy Huston présente une adaptation pour la scène de son roman Instrument des Ténèbres. Amoureuse de la musique baroque, elle retrouve ici des musiciens exceptionnels avec lesquels elle a conçu un spectacle musical et littéraire étonnant.
Textes principalement en français et textes en anglais sur-titrés en français.

 Le vendredi 25 janvier 2013 à 20h : Le Mâle entendu au Café de la Danse à Paris

idée originale & mise en forme Nancy Huston voix, piano

Jean-Philippe Viret : contrebasse, voix ; Édouard Ferlet : piano, voix ; Fabrice Moreau : batterie, voix

 Le lundi 4 février 2013à 20h : dans le cadre des Bibliothèques de l’Odéon et du cycle Exils, Nancy Huston évoquera

Samuel Beckett avec des textes lus par Denis Podalydès.

 A vos agendas !

Bonnes fêtes !

Publié dans : Non classé | le 27 décembre, 2012 |Pas de Commentaires »

« Garonne »Roman de Fanny Brucker

 

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« Garonne »Roman de Fanny Brucker

Sous des dehors austère, sous un titre pas le moins du monde énivrant ( Garonne), et sous les couleurs, d’un éditeur qui n’a pas la réputation d’opposer son estampille sur des frivolités, voici pourtant le livre le plus drôle, le plus excitant, pour l’esprit et le corps, du moment. Mieux encore, donnant à rire, à rêver,et à penser, il donnera également du style à qui n’en a pas, et à qui en a, l’immédiate envie de se remettre à l’ouvrage.Donc, Fanny Brucker  s’est amusé (et qu’on ne voit pas malice dans l’emploi de ce verbe mais réalité) à repérer une langue familière, populaire,argotique,et démotique. Et le résultat est un régal pour qui sait lire et écouter. C’est comme d’aller à la pêche aux ancêtres. C’est comme de se laisser bercer par une lointaine aïeule qui nous parlerait d’un temps où déjà nos mots étaient leurs mots.

FATHI CHARGUI

« Garonne » Roman de Fanny Brucker, paru en septembre 2012– 329 pages– aux éditions JC Lattès.

Publié dans : Non classé | le 8 décembre, 2012 |Pas de Commentaires »

D’autres vies Roman de Imane Humaydane

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D’autres vies Roman de Imane Humaydane

 

Jusqu’au bout de soi-même

 

Faut-il encore écrire sur le Liban ? Parce qu’« ils disent que la guerre est finie ! Malgré cela, nous aurions encore besoin de beaucoup de haine pour vivre ensemble. Pour vivre la paix, pour que perdurent les familles, que grandissent les enfants, que se relèvent les villes… ». Les écrits s’envolent, la guerre demeure et la mémoire aussi. Partout sans doute et ailleurs encore, vous l’avez rencontré cette image« derrière la maison, les orangers et les figuiers sont desséchés. Seul, un vieux grenadier est toujours là. Il s’adosse légèrement au mur de l’immeuble, criblé d’impacts de tailles variées ».

Depuis un avion Myriam, l’héroïne d’Imane Humaydane sème ses poèmes-télégrammes, ces élégies cartes postales, ses proses voyageuses comme on rend hommage à Beyrouth« Beyrouth est triste, portes closes, comment revenir à elle, moi qui vagabonde d’un lieu à l’autre ? ». Imane Humaydane se retrouve dans cet avion qui survole les villes sans se poser, et élire un port d’attache comme s’il refusait d’atteindre un but, la fin d’un voyage. Imane Humay,en voyageur errant, évoque une nostalgie fugeuse, un même romantisme éternellement insatisfait, le même ennui que l’on épuise au fil des voyages d’exil.

Le roman est ici dans tout ce que la vie d’une exilée nous laisse en panoplie rutilante : Parce que « déménager dans un autre pays et habiter une autre maison ne suffisent pas pour tuer la peur… que reste-t-il quand on a tué la peur ? Reste-t-il la moindre bribe de mémoire ? Ou bien redevient-elle une page blanche ? ». Comment « faire avec » la mort du jeune frère, le père devenu fou, le silence de la mère ?  . Une panoplie qui ne voile pas le sentiment qu’en bout de course reste la même petite lumière bien pâle, le même mauve des nuits désenchantées, la même solitude, le même désespoir que le voyage n’épuise pas.

Un chemin qui avance, tortueux vers les mystères et les sortilèges de la mort, de la séparation définitive. Poème de révolte et de désespoir. Le roman « d’autres vies » est aussi un appel : l’attente d’un écho. Et d’une réponse hypothétique. Il y a dans ce roman de la libanaise Imane Humaydane comme un murmure violent, une rumeur puissante qui échappent aux litanies funèbres : à l’effritement des corps, au silence de l’absence, elle oppose une force dont chaque mot est le témoin et dont la beauté aride, féroce, est comme la récompense.

C’est également une blessure, mais plus ancienne, et si mal cicatrisée, qui traverse, comme une vaine ouverte, le roman

d’ Imane Humaydane.

Au fil du roman se déplioe le récit d’une solitude, de l’étouffement, de l’ignorance, et de cette rançon finale de la souffrance : l’immuabilité des pierres, la beauté profonde des paysages, la richesse du semence. Si le roman d’Imane Humaydane   parle, soudain, et se dévoile, on hésite même à penser que cela puisse être destiné au lecteur : comme si l’écrivaine, ici, ne se débattait qu’avec elle-même, pour elle-même, comme s’il y avait, sinon de la gêne, du moins de l’impudeur à toucher du doigt, à ouvrir ce livre triste — une veine ouverte promise de n’être jamais vraiment fermée.

 

FATHI CHARGUI

D’autres vies  Roman de Imane Humaydane—189 pages— Gallimard–septembre 2012

 

Publié dans : Non classé | le 3 décembre, 2012 |Pas de Commentaires »

L’Averse Roman de Fabienne Jacob

 

 

 

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L’Averse Roman de Fabienne Jacob

                              le temps d’un soupir  

L’averse ne raconte pas seulement la mort d’un harki, mais aussi d’un questionnement : Est-ce que Tahar, cet algérien Harki avait-il fait le mauvais choix ? Si la guerre n’a pas forcément encore ce nom, elle est bel et bien là, et Tahar va devoir choisir son camp et, quelle que soit sa décision, elle sera forcément une trahison. Il sera une « balance ».  

 Il suffit de camper le décor : Tahar a quitté l’Algérie à 15 ans . Il se meurt dans un hôpital parisien. Son esprit embrumé suit un cours particulier, fait de souvenirs.Fils de harkis assassinés par le FLN, Tahar a été « adopté » par des soldats français.Débarqué en France, méprisé, il a tenté d’occulter le passé. Fabienne Jacob évoque l’ombre de la mort. Parfois aussi, une formule prenant valeur d’aphorisme s’élève au-dessus du récit comme siFabienne Jacob  cherchait– mais sans forcer– à donner de la voix : « Au moment où il s’apprête à rendre l’âme, quelques personnes attendent. Cette insoutenable attente durera deux heures, dix ou peut-être un peu plus. « Que des Français au chevet de Tahar. » Il y a sa femme, son beau-père si croyant et son fils qui n’a jamais parlé. L’ami lorrain de toujours, Becker, a aussi tenu à être présent. »

L’essentiel, c’est cette mort acceptée au-delà des résonances de l’amour. Tout l’art deFabienne Jacob est de construire son récit en nuances harmonieuses, en séquences à la fois brèves, fragiles, fugaces, laissant en nous de profondes résonances mais sans jamais hausser le ton.

Il y a de l’art musical dans cette manière. Voilà sans doute la définition la plus exacte de la « sonate » pour embrasser d’un trait ce roman grave et beau dont les exécutants s’appellent Tahar, «  Gérard Vialet avec qui il boit de la citronnade, de sa camarade Souad et ses dents du bonheur, ou de l’institutrice Madame Bayeux qui commentait la carte de France accrochée au mur ». dont les mouvements successifs nous amènent, comme douloureusement, mais avec une justesse de ton sans défaut, à accepter la mort.

Lorsque le flot des souvenirs dont Tahar est la proue s’évanouit dans une brume cotonneuse, lorsque la mort elle-même vient en renfort, le lecteur sait que la vie renaîtra à l’issue du récit.

Et c’est ainsi que tout se passe dans une ondé de bonheur retrouvée. Et c’est pourquoi aussi l’averse, qui pourrait aussi s’intituler le temps d’un soupir, est le livre du bonheur retrouvé, le livre de l’amour après la mort. En somme, un beau livre qui nous fait du bien.

 

FATHI CHARGUI

L’averse Roman de Fabienne Jacob—136 pages—Gallimard–2012

 

 

 

Publié dans : Non classé | le 25 novembre, 2012 |Pas de Commentaires »

Temps du rêve Roman de Henry Bauchau

 

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Temps du rêve Roman de Henry Bauchau

  La vie, l’amour, la mort

 Temps du rêve de Henry Bauchau : C’est le souvenir d’un amour d’adolescence. C’est la vie, l’amour, la mort. Vous en avez par-dessus la tête ? Alors ne lisez jamais les poètes, Éluard en avait fait le titre d’un de ces dernières Poèmes d’amour. Ces temps ci, les poètes-romanciers en ont fait le thème de leurs tentatives romanesques et l’on ne sait guère où ils nous mènent : prose poétique, récit chargé de symboles, élégie éclatée…Alors savoir ? Voici le premier texte littéraire écrit à vingt ans et publié par Henri Bauchau en 1936 sous pseudonyme : un récit d’enfance à l’inspiration autobiographique. C’est l’histoire du premier grand amour, à l’âge de onze ans. L’histoire de la première fois, du choc pur de la découverte de l’autre, des sensations nouvelles, des sentiments exaltés : « Nous n’avons joué ensemble qu’une seule fois, mais d’une façon qui m’a illuminé et elle aussi ». Après, ce sera tout aussi brutalement l’apprentissage du manque, la dureté du réel, le recours miraculeux à l’imaginaire. Temps de rêve, certes, mais la poésie de la langue supplée au thème éternel renouvelé par une sensualité trouble.

Avec Henry Bauchau, on croit entrer par mégarde dans un journal intime re-writé sur le ton de l’intimité. Un garçon, une fille se racontent encore, égrennent leurs blessures, leurs sentiments évanouis. Et le deuil guette au bout du chemin. Le piquant de l’affaire pourrait être la tentation du narrateur de mêler la poésie à l’écriture romanesque.

On retrouve cette virtuosité là dans ce livre. Il y a beaucoup de tendresse, beaucoup d’amour, où l’obsession charnelle trouve une sorte de rachat dans l’attente. Mais plusqu’un thème archi-rebattu, c’est son traitement qui séduit. On voudrait lire et à voix haute cette prose musicale qui use de la mémoire comme d’autres du saxo ou du haut bois, avec ses hachures, ses brusques syncopes, sa ponctuation chaloupée et ce goût pour les couleurs grises et blanches qui disent l’absence et le désespoir.,

FATHI CHARGUI

Temps du rêve-Roman de Henry Bauchau–Actes Sud–71 pages–2012

 

Publié dans : Non classé | le 17 novembre, 2012 |Pas de Commentaires »

Les choix secrets Roman de Hervé Bel

 

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Les choix secrets  Roman de Hervé Bel

    Les illusions perdues

 Ce n’est pas parce que l’on est la fille d’un haut gradé militaire que l’on rêve de vie de château. Marie est une femme qui a vécu son enfance dans un cocon protecteur, et qui s’attendait à avoir une vie à l’image de cette enfance dorée. Marie en a fait l’expérience. Enfant puis adolescente, Marie a connu les soirées mondaines et  les banquets des dignitaires  de l’état,  dans des  cercles privés où son père par son titre était honoré. Un mariage d’amour, puis le compagnonnage d’un instituteur auprès de qui l’amour et la tendresse ont déserté depuis bien longtemps  son cœur, l’absence de bonheur dont  elle se sent coupable jusqu’à sombrer dans l’alcoolisme et le vieillissement précoce. Malheureuses, aigrie, broie du noir dans une solitude sordide: Marie n’accepte pourtant pas sa condition d’une bourgeoise mise au rancart. Il faudrait une journée, décisive, pour que tout éclate, le passé conjugué au présent, et la nostalgie des temps heureux. Son instituteur de mari est  malade, une feinte colère face à  la rancœur de Marie. Il souffre et elle refuse de croire qu’il peut mourir. André pouvait être satisfait de son statut d’instituteur et de son salaire. Un statut social dont elle n’a jamais pu se contenter et le manque d’argent ne lui a pas permis de mener la vie qu’elle aurait dû avoir selon elle. Petit à petit, Marie accumule la rancœur, l’aigreur et se pose en innocente victime, accusant son mari de manque d’ambition. Les masques tombent-ils ? Certes, le temps s’égraine au fur et à mesure des péripéties de la vie conjugale. Hélas, avec le temps, la jeunesse se dissipe et l’argent se fait rare. La beauté « fout le camp ». La vieillesse s’installe avec son lot de nostalgies. Vient ensuite le recul du temps : Qu’est-ce que nous avons gagné ? Qu’est-ce que nous avons perdu ? La vie est elle  un jeu à Qui perd gagne ?

Hervé Bel a réussi le portrait émouvant, douloureux, souvent caustique, d’une femme blessée par ses illusions perdues. On le retrouve ici, dans ce roman, plus proche de la bourgeoise de la petite ville du Doubs, dessinée au scalpel. Lorsque les lampions de la fête de la vie s’éteignent, les héroïnes de romans sentent leur marquage couler. Et le romancier retrouve sa patte de psychologue signé. Du vaudeville, on passe au drame. Et cela fait parfois très mal.

FATHI CHARGUI

Les choix secrets romans d’Hervé Bel—360 pages—août 2012– JC Lattès

Publié dans : Non classé | le 17 novembre, 2012 |Pas de Commentaires »

Fermeture éclair Roman de Carl Aderhold

 

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Fermeture éclair Roman de Carl Aderhold

 Fermeture d’usine et délocalisation

 Qu’on ne vienne pas nous raconter que créer, c’est seulement souffrir sur le moment, dans l’instant, que c’est accoucher, et puis se relever et vivre avec fougue ce qui s’en-suit. La libération, et l’épanouissement. Créer c’est encore souffrir après coup. Pour l’artiste, le rideau ne tombe que sur le dernier souffle, et le mot fin n’acquiert sa valeur réelle que dans la cessation de la vie, dans la mort.

On écrit un roman, on réalise un film, on peint une toile, on compose un concerto, on peine, on se tourmente, on se torture, on  saigne même, mais ce n’est rien, strictement rien, comparé à ce qui nous attend. Certes nous savons que l’indéférence du plus grand nombre nous guette, mais en secret, n’espérons nous pas être reconnus par les nôtres, nos pairs, nos juges ? Or, plus nous rompons avec la règle, et plus nous nous exposons à subir la terrible loi du rejet, du refus. Au fond, nous souhaitons être adoptés, et on ne nous reconnaît même pas. Nous n’existons pas. Nous sommes nuls et non avenus. Nous sommes tous, et j’insiste sur le tous, des Carl Aderhold.

Fermeture éclair est un livre fracassant, perturbant, émouvant, vient à propos nous rappeler tous cela. Avec Fermeture éclair, qui est comme un écho charnel, et douloureux, à la société ouvrière. L’auteur, nous impose en effet sa présence de façon magistrale, à la limite parfois du soutenable, quand il insiste en y revenant, sur le malheur de l’ouvrier face à la crise économique et sociale actuelle. Chronique d’un fait-divers industriel…ces délocalisations scandaleuses, leurs suites déstructurantes sur le monde ouvrier, leurs conséquences sur la vie familiale des employés, l’avenir des régions, de la société !

Ici, un homme, qui tente de rester libre, admoneste ses contemporains, ses compatriotes, à la façon d’Achille exhortant les chefs grecs au combat : lorsque les vivants — mais ne le sont-ils encore, ces obèses, confits en amnésie ? – font le lit de la mort de la société ouvrière, il n’est pas inutile de rappeler que la crise de 1929 peut se dire au présent.

Mais à quoi servirait d’ajouter à ce lamento de la glose, des commentaires ? Il se suffit à lui-même. Il a l’évidence des premières mesures du quatrième concerto pour piano et orchestre de Beethoven. On écoute, on se serre les poings, et on s’élève dans les airs. Écoutez d’ailleurs et méditez. Ecoutez d’ailleurs et militez.

 FATHI CHARGUI

Fermeture éclair-Roman de Carl Aderhold—JCLattès—331 pages—août 2012

Publié dans : Non classé | le 17 novembre, 2012 |Pas de Commentaires »
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