Archive pour novembre, 2012

L’Averse Roman de Fabienne Jacob

 

 

 

L'Averse Roman de Fabienne Jacob  9782070137831fs-201x300

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’Averse Roman de Fabienne Jacob

                              le temps d’un soupir  

L’averse ne raconte pas seulement la mort d’un harki, mais aussi d’un questionnement : Est-ce que Tahar, cet algérien Harki avait-il fait le mauvais choix ? Si la guerre n’a pas forcément encore ce nom, elle est bel et bien là, et Tahar va devoir choisir son camp et, quelle que soit sa décision, elle sera forcément une trahison. Il sera une « balance ».  

 Il suffit de camper le décor : Tahar a quitté l’Algérie à 15 ans . Il se meurt dans un hôpital parisien. Son esprit embrumé suit un cours particulier, fait de souvenirs.Fils de harkis assassinés par le FLN, Tahar a été « adopté » par des soldats français.Débarqué en France, méprisé, il a tenté d’occulter le passé. Fabienne Jacob évoque l’ombre de la mort. Parfois aussi, une formule prenant valeur d’aphorisme s’élève au-dessus du récit comme siFabienne Jacob  cherchait– mais sans forcer– à donner de la voix : « Au moment où il s’apprête à rendre l’âme, quelques personnes attendent. Cette insoutenable attente durera deux heures, dix ou peut-être un peu plus. « Que des Français au chevet de Tahar. » Il y a sa femme, son beau-père si croyant et son fils qui n’a jamais parlé. L’ami lorrain de toujours, Becker, a aussi tenu à être présent. »

L’essentiel, c’est cette mort acceptée au-delà des résonances de l’amour. Tout l’art deFabienne Jacob est de construire son récit en nuances harmonieuses, en séquences à la fois brèves, fragiles, fugaces, laissant en nous de profondes résonances mais sans jamais hausser le ton.

Il y a de l’art musical dans cette manière. Voilà sans doute la définition la plus exacte de la « sonate » pour embrasser d’un trait ce roman grave et beau dont les exécutants s’appellent Tahar, «  Gérard Vialet avec qui il boit de la citronnade, de sa camarade Souad et ses dents du bonheur, ou de l’institutrice Madame Bayeux qui commentait la carte de France accrochée au mur ». dont les mouvements successifs nous amènent, comme douloureusement, mais avec une justesse de ton sans défaut, à accepter la mort.

Lorsque le flot des souvenirs dont Tahar est la proue s’évanouit dans une brume cotonneuse, lorsque la mort elle-même vient en renfort, le lecteur sait que la vie renaîtra à l’issue du récit.

Et c’est ainsi que tout se passe dans une ondé de bonheur retrouvée. Et c’est pourquoi aussi l’averse, qui pourrait aussi s’intituler le temps d’un soupir, est le livre du bonheur retrouvé, le livre de l’amour après la mort. En somme, un beau livre qui nous fait du bien.

 

FATHI CHARGUI

L’averse Roman de Fabienne Jacob—136 pages—Gallimard–2012

 

 

 

Publié dans:Non classé |on 25 novembre, 2012 |Pas de commentaires »

Temps du rêve Roman de Henry Bauchau

 

Temps du rêve Roman de Henry Bauchau temps-du-reve-henry-bauchau-97823300056961-157x300

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Temps du rêve Roman de Henry Bauchau

  La vie, l’amour, la mort

 Temps du rêve de Henry Bauchau : C’est le souvenir d’un amour d’adolescence. C’est la vie, l’amour, la mort. Vous en avez par-dessus la tête ? Alors ne lisez jamais les poètes, Éluard en avait fait le titre d’un de ces dernières Poèmes d’amour. Ces temps ci, les poètes-romanciers en ont fait le thème de leurs tentatives romanesques et l’on ne sait guère où ils nous mènent : prose poétique, récit chargé de symboles, élégie éclatée…Alors savoir ? Voici le premier texte littéraire écrit à vingt ans et publié par Henri Bauchau en 1936 sous pseudonyme : un récit d’enfance à l’inspiration autobiographique. C’est l’histoire du premier grand amour, à l’âge de onze ans. L’histoire de la première fois, du choc pur de la découverte de l’autre, des sensations nouvelles, des sentiments exaltés : « Nous n’avons joué ensemble qu’une seule fois, mais d’une façon qui m’a illuminé et elle aussi ». Après, ce sera tout aussi brutalement l’apprentissage du manque, la dureté du réel, le recours miraculeux à l’imaginaire. Temps de rêve, certes, mais la poésie de la langue supplée au thème éternel renouvelé par une sensualité trouble.

Avec Henry Bauchau, on croit entrer par mégarde dans un journal intime re-writé sur le ton de l’intimité. Un garçon, une fille se racontent encore, égrennent leurs blessures, leurs sentiments évanouis. Et le deuil guette au bout du chemin. Le piquant de l’affaire pourrait être la tentation du narrateur de mêler la poésie à l’écriture romanesque.

On retrouve cette virtuosité là dans ce livre. Il y a beaucoup de tendresse, beaucoup d’amour, où l’obsession charnelle trouve une sorte de rachat dans l’attente. Mais plusqu’un thème archi-rebattu, c’est son traitement qui séduit. On voudrait lire et à voix haute cette prose musicale qui use de la mémoire comme d’autres du saxo ou du haut bois, avec ses hachures, ses brusques syncopes, sa ponctuation chaloupée et ce goût pour les couleurs grises et blanches qui disent l’absence et le désespoir.,

FATHI CHARGUI

Temps du rêve-Roman de Henry Bauchau–Actes Sud–71 pages–2012

 

Publié dans:Non classé |on 17 novembre, 2012 |Pas de commentaires »

Les choix secrets Roman de Hervé Bel

 

Les choix secrets  Roman de Hervé Bel  les_choix_secrets_herve_bel-190x300

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les choix secrets  Roman de Hervé Bel

    Les illusions perdues

 Ce n’est pas parce que l’on est la fille d’un haut gradé militaire que l’on rêve de vie de château. Marie est une femme qui a vécu son enfance dans un cocon protecteur, et qui s’attendait à avoir une vie à l’image de cette enfance dorée. Marie en a fait l’expérience. Enfant puis adolescente, Marie a connu les soirées mondaines et  les banquets des dignitaires  de l’état,  dans des  cercles privés où son père par son titre était honoré. Un mariage d’amour, puis le compagnonnage d’un instituteur auprès de qui l’amour et la tendresse ont déserté depuis bien longtemps  son cœur, l’absence de bonheur dont  elle se sent coupable jusqu’à sombrer dans l’alcoolisme et le vieillissement précoce. Malheureuses, aigrie, broie du noir dans une solitude sordide: Marie n’accepte pourtant pas sa condition d’une bourgeoise mise au rancart. Il faudrait une journée, décisive, pour que tout éclate, le passé conjugué au présent, et la nostalgie des temps heureux. Son instituteur de mari est  malade, une feinte colère face à  la rancœur de Marie. Il souffre et elle refuse de croire qu’il peut mourir. André pouvait être satisfait de son statut d’instituteur et de son salaire. Un statut social dont elle n’a jamais pu se contenter et le manque d’argent ne lui a pas permis de mener la vie qu’elle aurait dû avoir selon elle. Petit à petit, Marie accumule la rancœur, l’aigreur et se pose en innocente victime, accusant son mari de manque d’ambition. Les masques tombent-ils ? Certes, le temps s’égraine au fur et à mesure des péripéties de la vie conjugale. Hélas, avec le temps, la jeunesse se dissipe et l’argent se fait rare. La beauté « fout le camp ». La vieillesse s’installe avec son lot de nostalgies. Vient ensuite le recul du temps : Qu’est-ce que nous avons gagné ? Qu’est-ce que nous avons perdu ? La vie est elle  un jeu à Qui perd gagne ?

Hervé Bel a réussi le portrait émouvant, douloureux, souvent caustique, d’une femme blessée par ses illusions perdues. On le retrouve ici, dans ce roman, plus proche de la bourgeoise de la petite ville du Doubs, dessinée au scalpel. Lorsque les lampions de la fête de la vie s’éteignent, les héroïnes de romans sentent leur marquage couler. Et le romancier retrouve sa patte de psychologue signé. Du vaudeville, on passe au drame. Et cela fait parfois très mal.

FATHI CHARGUI

Les choix secrets romans d’Hervé Bel—360 pages—août 2012– JC Lattès

Publié dans:Non classé |on 17 novembre, 2012 |Pas de commentaires »

Fermeture éclair Roman de Carl Aderhold

 

Fermeture éclair Roman de Carl Aderhold 9782709636261-g-190x300

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fermeture éclair Roman de Carl Aderhold

 Fermeture d’usine et délocalisation

 Qu’on ne vienne pas nous raconter que créer, c’est seulement souffrir sur le moment, dans l’instant, que c’est accoucher, et puis se relever et vivre avec fougue ce qui s’en-suit. La libération, et l’épanouissement. Créer c’est encore souffrir après coup. Pour l’artiste, le rideau ne tombe que sur le dernier souffle, et le mot fin n’acquiert sa valeur réelle que dans la cessation de la vie, dans la mort.

On écrit un roman, on réalise un film, on peint une toile, on compose un concerto, on peine, on se tourmente, on se torture, on  saigne même, mais ce n’est rien, strictement rien, comparé à ce qui nous attend. Certes nous savons que l’indéférence du plus grand nombre nous guette, mais en secret, n’espérons nous pas être reconnus par les nôtres, nos pairs, nos juges ? Or, plus nous rompons avec la règle, et plus nous nous exposons à subir la terrible loi du rejet, du refus. Au fond, nous souhaitons être adoptés, et on ne nous reconnaît même pas. Nous n’existons pas. Nous sommes nuls et non avenus. Nous sommes tous, et j’insiste sur le tous, des Carl Aderhold.

Fermeture éclair est un livre fracassant, perturbant, émouvant, vient à propos nous rappeler tous cela. Avec Fermeture éclair, qui est comme un écho charnel, et douloureux, à la société ouvrière. L’auteur, nous impose en effet sa présence de façon magistrale, à la limite parfois du soutenable, quand il insiste en y revenant, sur le malheur de l’ouvrier face à la crise économique et sociale actuelle. Chronique d’un fait-divers industriel…ces délocalisations scandaleuses, leurs suites déstructurantes sur le monde ouvrier, leurs conséquences sur la vie familiale des employés, l’avenir des régions, de la société !

Ici, un homme, qui tente de rester libre, admoneste ses contemporains, ses compatriotes, à la façon d’Achille exhortant les chefs grecs au combat : lorsque les vivants — mais ne le sont-ils encore, ces obèses, confits en amnésie ? – font le lit de la mort de la société ouvrière, il n’est pas inutile de rappeler que la crise de 1929 peut se dire au présent.

Mais à quoi servirait d’ajouter à ce lamento de la glose, des commentaires ? Il se suffit à lui-même. Il a l’évidence des premières mesures du quatrième concerto pour piano et orchestre de Beethoven. On écoute, on se serre les poings, et on s’élève dans les airs. Écoutez d’ailleurs et méditez. Ecoutez d’ailleurs et militez.

 FATHI CHARGUI

Fermeture éclair-Roman de Carl Aderhold—JCLattès—331 pages—août 2012

Publié dans:Non classé |on 17 novembre, 2012 |Pas de commentaires »

L’inconnue de la Seine Roman de Didier Blonde

L'inconnue de la Seine  Roman de Didier Blonde 78280902_o1-205x300 

 

 

 

 

 

 

 

L’inconnue de la Seine  Roman de Didier Blonde

 La mythologie, comme opium du peuple

 Les mythes sont perçus dans l’inconscient collectif comme des trésors. Et c’est vrai, la mémoire mythologique est à la fois la tour de Babel, la bibliothèque borgésienne et le grand murmure des histoires que se sont racontées les hommes pour ordonner le monde. Proverbes, épopées,généalogies, cosmogonies, contes, légendes, fables, chants d’amour et de guerre, paroles oraculaires…

Le mythe  flotte partout et est insaisissable. Comme l’écrit l’helléniste Marcel Détienne : « Poison soluble dans les eaux de la mythologie, le mythe est une forme introuvable. » Il circule, se transforme et habite l’imaginaire. La mythologie est toujours la fabuleuse caverne d’Ali Baba de nos origines, le réservoir secret de nos histoires fondamentales, le grand rébus de nos songes. Il y a plusieurs façons d’aborder les rivages des mythes. Ou bien se laisser raconter des histoires pour y croire, ou bien chausser des lunettes de bénédictins et se laisser envoûter par les mirages de la science et du savoir. Certain rêvent le mythe , d’autres le stockent.

La collecte acharnée des mythes à travers le temps et l’espace a été une activité qui a mobilisé quelques-uns des meilleurs esprits. Mythologues, ethnologues, historiens des sociétés anciennes, spécialistes du religieux se sont attelés à la rédaction du grand livre des mémoires divines et humaines. Le romancier de « l’nconnue  de la Seine » Didier Blonde  s’est senti la vocation d’un sociologue et, avec la volonté d’un agent enquêteur , est allé exhumer, le cadavre de l’inconnue de la Seine ou ce qui l’en  reste. ce  nouveau  temple de la mythologie populaire se révèle un mal nécessaire à l’imaginaire, une nourriture spirituelle et intellectuelle, une addiction semblable au tabac et à l’alcool. Brovo !   

 FATHI CHARGUI

L’inconnue de la Seine Roman de Didier Blonde—125 pages—Gallimard—juin 2012

Publié dans:Non classé |on 17 novembre, 2012 |Pas de commentaires »

Haiyang |
lescontesdethalia |
Kittykitkat |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Serge1885
| Francaisdanslemedia
| Lanceldsahgiuwt