Archive pour septembre, 2012

Les humeurs de Marie-Clair

Les Humeurs de Marie-Claire  Roman de Habib Selmi                           

            Parfum de femme 

Il est surprenant parfois de vérifier combien la vie ratifie les pires conventions du vaudeville. Dans l’ivresse passionnelle surtout où, comme le disait ce bon Nietzsche « l’amour se situe au-delà du bien et du mal ». Diables et victimes jouent à cache-cache dans les romans de Habib Selmi la maldonne des sentiments se moque de l’ordre établi et s’achève en ricanement désabusé. Mezzo voce, un déluge wagnérien. Mais la vengeance du cœur se jouera par procuration. Deux êtres seront choisis arbitrairement pour servir d’instrument de libertinage, d’ustensiles aphrodisiaques, pour mener à bien des représailles sentimentales : Deux vendettas s’engagent. Tout d’abord, qu’est-ce qui pousse ce jeune Tunisien installé à Paris à faire la connaissance de cette fonctionnaire de la poste. Habib Selmi nous a habitué à ces passions secrètes « Le Mont – des – chèvres », « Les amoureux de Bayya », « La nuit de l’étranger », en lisière des mots, qui secrètent un climat « tout chose » au long de paysages désœuvrés, de dialogues en miettes. Là encore, il évolue au bord des êtres, dans la banlieue du cœur, dans ces parages indécis où la volupté et la fatalité se ressemblent comme deux larmes. Ce bref récit, tremble, ballotté par le caprice comme une coquille de noix sur le lac Léman, s’infléchit mollement vers une minutieuse machine infernale. Ce jeune homme universitaire disponible, vulnérable, suscite une étrange inclination de la part de l’employée des postes. Elle le couve, le materne, trop heureuse de mettre le grappin sur un pigeon de passage pour désennuyer son arrière-saison, puis le « congédie » brutalement, semblant rompre un charme maléfique. Téléguidé, manipulé, le jeune homme s’apercevra tardivement qu’il n’est que le pion d’une stratégie consommée. Le traquenard au béguin fonctionne à merveille. L’embuscade fervente d’une femme si fière, si raide, qui donnerait tout au monde pour retrouver le droit d’être sifflée. Qui se couchera tout à l’heure avec l’infime espoir que son homme se couche seul, lui aussi. 

Le ton de Habib Selmi ressemble à l’appel nostalgique du premier violon. Une ligne mélodique, fine, ténue, une intimité qui tolère le silence. La vie, un petit mot d’une syllabe, presque un soupir. On songe au calme plat des jours. Discret, pudique, butinant des esquisses de regards, des brouillons d’étreintes, il nous abandonne sans cesse aux bords du dénouement. Parce qu’il en va ainsi de la partie d’échecs du glamour. On doit toujours l’achever seul. L’écriture de Habib Selmi est un navire qui, simultanément gagne le large et reste à quai. Il engrange l’essentiel et charrie volontiers le moindre. L’amour fait des bulles, les amoureux s’escamotent à la manière de décors de carton-pâte, ne reste que l’infortuné Lancelot du lac, rabibocheur de couple malgré lui, coincé entre ses espoirs furtifs, et ses attentes navrées. Habib Selmi est quelqu’un de rare et précieux : son univers romanesque, floué, de guingois,  accroît prodigieusement, jusqu’au vertige, la faculté pour le lecteur de se distraire du réel. Le livre refermé, nous nous étonnons  d’être encore en vie. 

FATHI CHARGUI 
Les humeurs de Marie-Claire de Habib Selmi — 174 pages — éditions Actes-Sud — avril 2011     

 

 

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Publié dans:Non classé |on 29 septembre, 2012 |Pas de commentaires »

Tunis connection

 Tunis  connection  une  enquête
de Lénaïg Bredoux  et  Mathieu Magnaudeix

Si l’n avait le courage de compter, ligne par ligne et lettre par lettre ,       tout ce qui s’imprime actuellement en volume, d’une part, et dans la presse quotidienne et périodique dans l’autre, nul doute que c’est cette dernière qui l’emporterait en quantité. L’historien ajouterait : en valeur aussi. Cette masse de textes est cependant si énorme qu’elle en devient quasiment inutilisable. Pour lire et classer tout ce qui paraît dans l’espace d’une année, il faut beaucoup plus d’une année. Et pour le comprendre, donc !

Au XVIIIe siècle, les journaux étaient bien moins nombreux, moins fournis aussi, et d’une périodicité moindre. Aujourd’hui, le printemps arabe fait couler beaucoup d’encre et délier d’avantage les langues. Les cris du cœur et les larmes de joie incitent bien de journalistes et écrivains à parler de maintenant et d’hier. Expliquer le comment et le pourquoi ce printemps arabe. La révolution Tunisienne est à écrire d’une encre indélébile sur les pages de l’Histoire universelle.

Le livre Tunis Cnnection est là pour lever le voile sur le mécanisme de mise en scène médiatique qui se cachait derrière cette Tunisie apparemment sans nuage où tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes. C’est tout un réseau de médias bien restructuré, installé au moyen d’institution d’information et de moyens financiers afin de bien sceller une dictature pure et dure dans le temps et dans l’espace, que l’occident, jusqu’à la veille du 14 janvier 2011, avait très généralement négligé, peut-être à cause des intérets en présence. Mais l’histoire des peuples, l’histoire des révolutions, l’histoire sociale sont peut-être mieux révélées par l’éphémère que par des ouvrages longuement pensés. L’histoire immédiate y trouve aussi son compte, car ces publications témoignent souvent d’une intense acuité urgente, de rapports insoupçonnés, d’échanges à longue diastance, de collaborations anonymes, non moins démunis d’intérets.

Tunisie Connection, ce nid d’aigles où la statue de la dictature est loin d’avoir remplacé l’étonnante saga d’un peuple de générosité et d’hospitalité légendaire , voilà de quoi est fait ce récit. C’est la Tunisie de la corruption, que décrit Bredoux et Magnaudeix, un ouvrage de référence qui passe en revue toutes les petites manœuvres médiatiques qui avaient pour but de tenir un peuple sous la coupe du dictateur. Pathétique dans sa simplicité et dans sa lutte pour survivre aux assauts d’une histoire impitoyable. Un regard objectif, sans phare et impartial porté sur le rôle des médias occidentaux pour maintenir les dictatures. «Un système où diplomates, entreprises, mais aussi médias ont caressé dans le sens du poil le régime de Ben Ali, au nom, notamment, de la lutte contre le terrorisme. » écrivent Bredoux et Magnaudeix.

FATHI CHARGUI
Tunis Connection enquête de Lénaïg Bredoux et Mathieu Magnaudeix—250 pages—Seuil—janvier 2012 

 

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Publié dans:Non classé |on 29 septembre, 2012 |Pas de commentaires »

La Révolution confisquée

 La Révolution confisquée :
Enquête sur la transition démocratique en Tunisie par Pierre Puchot

La révolution tunisienne comme si vous étiez : L’apparent et le caché, le dit et le non dit, la majorité agissante et la minorité silencieuse. La chose et son contraire. Que savez- vous de la révolution tunisienne ? Voilà une enquête sur une révolution qui dit son nom. Tout ce que vous voulez savoir sur la première révolution arabe dans le monde, que l’on appelle communément le printemps arabe, ou la révolte de jasmin.

La Tunisie prend ses marques. Elle s’ouvre au processus démocratique, au fur et à mesure de la concrétisation des objectifs de sa révolution.

« La révolution tunisienne n’est-elle qu’un mirage ? Que s’est-il vraiment passé le 14 janvier 2011 ? Quel est ce cabinet fantôme, que beaucoup, du blogueur devenu ministre, Slim Amamou, à l’ancien ministre de l’Intérieur Rajhi, ont dénoncé tout au long du printemps ? Quel est le rôle de Rachid Ammar, général promu chef de l’armée en toute discrétion ? La permanence de la torture et de la répression est-elle une fatalité ? Qui sert-elle ? Comment le ministre du Tourisme a-t- il vidé les caisses à coups de campagnes inutiles, minant l’avenir en prétendant réparer le passé ? Par quel travail de terrain le parti islamiste Ennanda a-t-il construit son succès à l’élection constituante du 23 octobre ? Comment une nouvelle classe politique s’est-elle peu à peu structurée en dehors des partis d’opposition qui préexistaient sous le règne de Ben Ali ? Semaine après semaine, du départ de Ben Ali à son procès par contumace, du report des élections à la victoire d’Ennanda, c’est l’histoire d’une démocratie en construction qui se fait sous nos yeux. La première du monde arabe. Celle que cinq cents millions d’individus observent et envient. C’est la genèse de cette démocratie que Pierre Puchot propose de raconter dans ce véritable journal de bord de la révolution alimenté de reportages, d’enquêtes exclusives et de témoignages inédits de la part de protagonistes de premier plan comme d’acteurs plus modestes. »

C’est cette période de transition révolutionnaire que raconte le livre de Pierre Puchot, intitulé La Révolution confisquée. Enquête d’une année au cœur de la Tunisie révolutionnaire, l’ouvrage documente également la genèse du gouvernement dirigé par le parti musulman Ennahda. Bonne lecture.

La Révolution confisquée de  Pierre Puchot—312 pages– Editions Sindbad Actes Sud—avril 2012-Paris
FATHI CHARGUI

 

 

 

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Publié dans:Non classé |on 29 septembre, 2012 |Pas de commentaires »

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